Dans notre monde bouleversé, angoissé, affairé, pressé où les seuls critères sont l’efficacité et la rentabilité, nous avons, chacun d’entre nous à retrouver le sens des choses, et leurs priorités. Quelles
priorités ?
– Priorités personnelles, dans ma famille, mon travail, mes loisirs, comment je passe mes temps libres ?
– Priorités « communes » que je partage avec l’humanité entière, comme par exemple ma relation avec autrui, avec l’environnement, la terre que Dieu nous a confiée ?
– Et enfin, la priorité spirituelle. Quel temps quotidien je partage avec Jésus, mon Dieu, mon Créateur et mon Sauveur ?
Le temps du carême est un temps idéal pour retrouver une simplicité de vie, où je remets les priorités dans ma vie, dont le critère principal n’est plus l’efficacité ou la rentabilité, mais « ÊTRE plus » vis-à-vis de moi-même, des autres et de Dieu.
Voici une petite histoire inspirée des porteurs d’eau rencontrés durant ma mission au Tchad : « Un marchand d’eau allait chaque matin puiser de l’eau à la source, qu’il portait ensuite à la ville pour la vendre aux habitants. Il possédait deux cruches de même taille, qu’il chargeait sur ses épaules avant de se mettre en route.
Mais l’une des deux était fêlée. Par conséquent, lorsque son maître arrivait en ville, elle se retrouvait à
moitié vide, tandis que l’autre était encore pleine à ras bord. La cruche fêlée tombait alors dans une grande tristesse tandis que sa voisine se pavanait de fierté. Un jour, la malheureuse cruche n’y tint plus et, désespérée, elle vint trouver son maître : « Pourquoi me gardes-tu ? J’ai honte. Ne remarques-tu pas que tous les matins, quand tu arrives en ville, je suis à moitié vide ? Je ne suis d’aucune utilité pour toi. Pourquoi ne te débarrasses-tu pas de moi ? ».
Le marchand la contempla avec compassion et lui répondit : « N’as-tu pas remarqué toutes ces fleurs qui
ont poussé le long du chemin, de ton côté ? J’ai toujours su que tu étais fêlée. C’est pourquoi j’ai semé des graines le long de ton passage. Tu les as arrosées chaque jour. Et aujourd’hui, des fleurs ont poussé et enchantent les yeux des promeneurs. Grâce à toi ».
Cette histoire pour se redire que nous avons tous du prix aux yeux de Dieu. Ce qui compte pour Lui ce n’est pas le paraître, mais ce que nous sommes en vérité.
La pénitence nous rendra plus simple.
Le partage nous rendra plus attentif aux autres et plus libre.
La prière nous rendra plus humble.
Nous sommes à la moitié de notre carême. Retrouvons le chemin de la vérité et de la simplicité pour nos vies.
Abbé Rémy SOUBRIER+
