La genèse de la crèche 2019 en l’église Saint ÉTIENNE de VILLANDRY a germé d’un dialogue et d’une rencontre entre une exposition au Palais de TOKYO à PARIS et une phrase lue dans l’évangile de LUC (LUC 2,7).

Imaginons ces scènes, même si explicitement, elle n’est pas nommée, la main apparaît en filigrane. La main fraternelle de la naissance.
La main de l’Amour de MARIE qui nimbe l’enfant et enfin cette main qui s’oppose à une prière d’accueil.
Dans ce verset, pourrions-nous y découvrir le mystère de NOEL dans ce don que Dieu lui-même nous fait.
« Dans l’entrebâillement d’une porte, qui est-elle cette main qui refuse une place en à la maison commune ? »
Qui est-elle cette main qui rejette sans doute Joseph qui s’inquiète pour son épouse et pour l’enfant Dieu ? »
Quel saisissant face à face entre la main de Marie qui enveloppe de tendresse le porteur d’une nouvelle d’espérance et la main qui paralyse la vie à l’orée des ténèbres de la peur et de la nuit.
Voici déjà la préfiguration de la main qui déchirera le lien d’Amour du fils de l’homme à la maison commune de l’humanité, notre terre.
Préfiguration de la main qui clouera l’EMMANUEL aux bois de nos déshérences.
Voici donc cette main, cette volute créatrice et destructrice ; la main qui manipule et qui éduque, la main qui se confie à la nature, n’est-elle pas la continuation du fil d’Ariane de notre esprit, de notre vie ?
La main une rémanence de l’esprit ?
Par le baptême de transfiguration, la révélation nous habille du Christ. Avec lui tout notre corps est devenu le temple de l’Esprit et la main son ouvrière.
Et le voilà le doigt de Dieu qui écrivit pour Moïse la loi. La voilà la main de JESUS qui sépare les ténèbres de la lumière, qui purifie et qui arrache à la mort les enfants que son père lui a confié.
Prendre la main de Dieu et je serai guéri. Luc 13,13
Ne serait-ce pas cela, l’appel de la révélation et de la délivrance si évident au regard de « L’APPEL DE SAINT MATTHIEU » du CARAVAGE.
Ne serait-ce pas cela la réponse de NOEL, cette main annoncée par le psalmiste qui confesse la plus grande confiance et affection pour Dieu qui sauve. Psaume 30 (31)

Ma forteresse et mon roc, c’est toi :
pour l’honneur de ton nom,
tu me guides et me conduis.
Tu m’arraches au filet qu’ils m’ont tendu ;
oui, c’est toi mon abri.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.
Je hais les adorateurs de faux dieux,
et moi, je suis sûr du Seigneur.
Ici à Villandry, après une crèche 2018 dans les ruines en communion avec nos sœurs et frères suppliciés sous le fardeau des bombes, voici une crèche dont le ciel verra pleuvoir en timide constellation des mains-étoiles.
Des mains-étoiles qui comme nous le rappelle Maitre ECKART sont « comme un saut ardent vers l’intérieur » du mystère de Noel.
Des mains-étoiles qui nous rendent présent au temps sacré d’un Dieu qui prend chair de notre chair dans la substance du silence dans l’appréhension du dévoilement et de la libération, nous qui espérons une si grande profusion de joie.
Préparez les chemins du Seigneur ! Que le creux de vos mains soit le creuset de la paix.
Alors nous convoquerons les artistes, ceux qui évoluent dans ce libre intervalle ouvert entre les créatures et le doigt de Dieu.
Vous les reconnaîtrez ces prophètes de l’art, mais reconnaîtrez-vous l’étoile de votre main ?
La main qui façonne et qui produit. La main qui scelle la pauvreté, la main qui souffre aux lambeaux de l’épreuve ; la main qui partage, la main qui détruit, la main de l’enfant qui explore le monde.
La main de Dieu qui habite une lumière où personne ne peut parvenir (premier épître de Paul à Timothée 1,6).
Les artistes s’éreintent désespérément depuis la grotte des origines à traduire le visible dans l’invisible.
Par leurs arts, ils éprouvent la vérité de traduire la demeure de Dieu parmi les hommes.
L’artiste devient par sa main l’ambassadeur du miracle, comme un miroir à ce qui se voit au-delà des yeux.
La main continuation de l’Esprit.
Au pied de cette crèche le voyage commence, vers ce DIEU qui se laisse toucher dans ce va et vient incessant du péché et de la grâce.
Alors au pied de cette nouvelle échelle de Jacob nous redeviendrons des veilleurs avec nos mains qui offre au ciel le fardeau et la prière en guettant l’aurore de la main de Dieu en sa miséricorde et sa bénédiction en ce petit enfant de la crèche.
Te voici ici devant cette crèche, devant la folie de ce mystère de Noël.
Déposer ces certitudes comme une ancre sur la grève et se laisser saisir par l’émotion et le questionnement.
Ton Noël, un fil d’Ariane au labyrinthe de la vie, une gratitude d’alliance ?
Ton Noël, toi l’homme debout les pieds dans la glaise, la tête dans les étoiles ?
Une joie de re-naître. N’habitais-tu pas le pays de l’ombre quand la lumière a resplendi. ?
Quand tu regarderas ton étoile, tu y verras ta main dans la main de Dieu alors les rayons de vérité qui illuminent les hommes deviendront la boussole de ton chemin.
Tu y verras l’enfant-Dieu qui prend demeure en notre humanité sauvée.
Notre Noël, « Exulte la terre, joie au ciel » le sauveur au creux de tes mains.
« L’ESPRIT COMMENCE ET FINIT AU BOUT DES DOIGTS. »
Paul Valéry, tiré de L’Idée fixe ou Deux hommes à la mer (roman de 1932).
La crèche est visible en l’église de Villandry le weekend et tous les jours à partir des vacances scolaires de Noël
MERCI MARIE-CLAIRE, ANTOINE ET TOUTES CELLES ET CEUX QUI LIRONT ET PARTICIPERONT.
Jean-Philippe LANDAIS